Comment les sportives et sportifs peuvent devenir des challengers de l’entrepreneuriat ?
Pékin 2022 a accueilli les XXIVe Jeux Olympiques d’hiver du 4 au 20 février dernier. Une délégation de 88 athlètes français s’est rendu à Pékin pour y défendre les couleurs tricolores et pour figurer avec ambition sur le tableau des médailles. La flamme olympique s’est éteinte et les Bleus sont repartis avec quatorze médailles, dont cinq en or, sept en argent et deux en bronze. La France a conclu les Jeux olympiques d’hiver de Pékin à la 10e place au classement des nations (établi à partir du nombre de médailles d’or). Chacun a pu ensuite revenir chez soi et l’atterrissage est parfois douloureux pour les athlètes olympiques face aux réalités du quotidien – carrière, finances, famille, sponsors : autant de questionnements et de recherche d’équilibre individuel.
La reconversion est une étape difficile donnant lieu à de nombreuses incertitudes pour le sportif.
D’un point de vue psychologique d’abord, les projecteurs s’éteignent et font ressentir un sentiment de vide à la fin de la carrière sportive. Pour les plus grands d’entre eux, ils passent rapidement de la lumière à l’ombre, il faut donc gérer la gloire passée et retrouver de la confiance. Plus généralement, le suivi exacerbé des sportifs de haut niveau n’est pas idéal pour le développement d’une autonomie nécessaire dans l’après-carrière.
Au-delà de difficultés psychologiques rencontrées par certains, la précarité financière est également un sujet important pour la plupart des athlètes.
Quelques chiffres en attestent : 50% des athlètes allant aux Jeux de Rio vivaient avec moins de 500 € par mois. Malgré les richesses de certains, il est important de noter que 40% des footballeurs vivent dans une grande précarité et une grande incertitude et beaucoup souffrent d’un manque de revenus dans les 5 à 10 ans de leur après-carrière.
Pour les Olympiques c’est encore plus parlant : souvent en situation de double emploi ils ne bénéficient pas suffisant de leurs exploits : en cas de podium olympique, ces derniers reçoivent une prime versée par l’État d’un montant de : 65 000 euros pour une médaille d’or, 25 000 euros pour une médaille d’argent, 15 000 euros pour une médaille de bronze.
https://www.lafinancepourtous.com/2021/07/21/combien-gagne-un-sportif-olympique/
Des sportifs de haut niveau de plus en plus diplômés
Certains anticipent : fortement encouragés par les syndicats professionnels comme l’Union Nationale des Footballeurs Professionnels ou Provale, le syndicat des rugbymen professionnels, ils se lancent dans des études plus ou moins longues pendant leur carrière.
Dans les stratégies de reconversion des sportifs professionnels : une lecture par les carrières intelligentes les auteurs ont détecté plusieurs “profils” parmi les sportifs de haut niveau durant leur carrière : les attentistes, les opportunistes, les experts et les entrepreneurs. https://www.cairn.info/revue-agrh1-2012-4-page-113.htm
Le profil des sportifs entrepreneurs émerge en effet fortement depuis quelques années. “Lorsque j’ai commencé, je voyais bien que je n’étais pas prise au sérieux : les sportifs sont considérés comme tout juste bons à serrer des mains pendant des événements”, raconte Sarah Pitkowski, 45 ans, ex-vingt-neuvième au classement mondial du tennis féminin et, depuis qu’elle a rangé ses raquettes, en 2002, créatrice d’une agence de relations presse. 15Love, c’est son nom, réalise aujourd’hui 700.000 euros de chiffre d’affaires et compte parmi ses clients de grands noms comme Vittel et Senseo. Sarah Pitkowski n’est pas un cas isolé. De nombreux athlètes de haut niveau se sont reconvertis en chefs d’entreprise accomplis.
Ancien nageur de haut niveau, Fabien Gilot s’est lancé dans le bain de l’entrepreneuriat après les Jeux Olympiques de Rio en 2016. A 34 ans, le champion olympique du relais 4 x 100 m en nage libre et capitaine de l’équipe de France de natation a décidé de troquer son maillot de bain pour se reconvertir dans l’assurance. “Pendant ma carrière de sportif et de capitaine d’équipe, j’ai acquis diverses compétences comme la vitesse, le sens de la compétition, la gestion de crises, l’altruisme, ou encore le travail en équipe. Le plus important est d’accompagner et d’humaniser les rapports. J’ai ainsi appris à tisser de bonnes relations avec mon équipe, à driver, manager, responsabiliser, déléguer, valoriser et faire monter en compétences. Enfin, mon passé de compétiteur et la culture de la gagne que j’ai acquise en France et à l’étranger m’ont prouvé qu’avec beaucoup de travail, on peut réaliser de grandes choses. Selon moi, rien n’est impossible et il est inconcevable d’être mauvais dans ce que je fais. Du coup, je passe des heures à connaître mon métier sur le bout des doigts. Car si ma notoriété peut m’ouvrir certaines portes, j’ai finalement moins le droit à l’erreur qu’un autre professionnel.”
Entrepreneur à succès, Frédéric Michalak l’est devenu après avoir tenté, et pas toujours réussi, des associations au sein de projets d’entreprises divers et variés. Aujourd’hui Président de Sport Unlimitech, sa société est créatrice du salon spécialiste du sport et de l’innovation : 7 000 visiteurs, 80 conférences, 120 exposants en 2019 et une tournée dans les plus grandes métropoles en 2022. Il témoigne : « J’ai arrêté mes études tôt, à 18 ans. Il n’y avait pas vraiment d’accompagnement des clubs à mon époque. Il fallait que j’apprenne à mieux me connaître pour me projeter sur ce qui m’intéressait. Je me suis toujours dit que je devais préparer l’après. J’ai eu la chance d’anticiper ma sortie, d’arrêter quand je le voulais. Dans le sport de haut niveau, avec une blessure, votre carrière peut s’arrêter du jour au lendemain. » Source Maddyness.
Le mot de la fin à Kélian Galletier, rugbyman international de Montpellier : « Tout sportif de haut niveau est un entrepreneur en puissance, il en a l’ADN, la capacité et l’état d’esprit. Il lui suffit de trouver le bon projet et de s’y investir ».
Convaincu de la nécessité de l’anticipation de cette mutation d’après-carrière, il s’est associé à ses coéquipiers Yvan Reilhac, Vincent Giudicelli et Gabriel Ngandebe pour créer Factory Club : une plateforme inédite d’accompagnement des entrepreneurs et de matching entre porteurs de projet et sportifs investisseurs. “La Draft”, l’équivalent de la version NBA en mode économique, est ainsi lancée de mars à juillet 2022, elle va sélectionner et mettre en lumière dix projets d’entreprises avec lesquels les sportifs professionnels vont s’associer et participer activement à leur développement. Des “success story” à suivre de près..